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DE LA NATURE DES CHOSES

Qui montent vers l’espace en radieuse sphère.

Et pourquoi s’étonner que ces germes de feu,
Toujours au même instant groupés au même lieu,
Viennent reformer l’astre et nourrir sa lumière ?
Où n’observe-t-on pas cette loi régulière ?
La plante printanière au temps marqué fleurit,
700Et la fleur abattue au temps marqué périt ;
De même encor la dent tombe au signal de l’âge ;
De même un fin duvet pousse autour du visage
Et d’un voile ondoyant revêt la puberté.
Chaque saison ramène avec fidélité
Les foudres, les frimas, les vents ou les nuées.
Dès l’origine ainsi des lois, constituées
Par les affinités et la chute des corps,
Des choses et des temps assurent les rapports.

Les nuits vont décroissant lorsque les jours grandissent :
Quand s’allongent les nuits, les jours se raccourcissent.
C’est donc que, tour à tour céleste et souterrain,
Voyageur oscillant, l’astre hésite en chemin
Et coupe l’étendue en deux parts inégales,
Auxquelles tour à tour il rend les intervalles
Que sur l’une ou sur l’autre a prélevés son cours,
Jusqu’au signe où les nuits sont égales aux jours.
Lorsqu’il atteint ce nœud, ce pivot du système,
Également distant de chaque bord extrême,
Point central où l’Auster balance l’Aquilon,
720Il touche le milieu de l’oblique sillon
Que son cours annuel décrit, selon la pente