Ils font corps. C’est l’objet qui frappe et que l’on voit.
Lorsque sur une pierre est posé notre doigt,
Il touche une couleur, une surface extrême ;
Mais, ce que nous sentons, c’est la pierre elle-même,
La dureté profonde, essence du rocher.
L’image du miroir paraît se détacher
Et recule au delà de ce qui la reflète.
Et l’illusion, certes, est précise et complète.
Ainsi, par une porte ouverte, nos regards
Errants en liberté suivent les corps épars
Dans un lointain réel hors de notre demeure ;
L’air nous vient en deux flots : une onde intérieure
Qui, de droite et de gauche, amène jusqu’à l’œil
Les parois, puis la porte elle-même, et le seuil ;
Ensuite un air nouveau qui du dehors apporte
Ce que le jour éclaire au delà de la porte.
Quand s’élance vers nous l’image du miroir,
Tout le reflux de l’air que son vol fait mouvoir
Doit passer par nos yeux ; la vue en est remplie
Avant de discerner la surface polie.
Puis, dès que notre organe a perçu le miroir,
Notre image aussitôt s’y fixe et s’y fait voir,
Ramenée à nos yeux par une onde nouvelle
Qui la précède encore et nous touche avant elle,
Et l’éloigne d’autant. De là l’illusion
Qui naît des deux courants, de leur double action.
Comment s’en étonner lorsqu’on en sait la cause !
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LIVRE QUATRIÈME