Page:Lucrèce - De la nature des choses (trad. Lefèvre).djvu/136

Cette page a été validée par deux contributeurs.
68
DE LA NATURE DES CHOSES
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

580Et c’est ce qui n’est pas. Un assidu concours,
Groupant les corps accrus, en maintient les contours.
Tu le vois, le fait même, en limitant leurs types,
Proclame illimité le nombre des principes.
De là vient que nul choc, nul effort dissolvant
Ne peut tuer d’un coup tout un genre vivant,
Et qu’il n’est pas de force et d’activité mère
Qui puisse éterniser une forme éphémère.
C’est une lutte égale où les deux combattants
Se balancent depuis l’origine des temps ;
Le vaincu se relève et le vainqueur succombe ;
Le berceau vagissant alterne avec la tombe ;
L’aube chasse la nuit, la nuit succède au jour,
Et nulle heure ne vient sans mêler à son tour
Aux clameurs des enfants qui sortent des ténèbres
Les sanglots, compagnons des angoisses funèbres.
Retiens ce point encor, qu’au fond de ton esprit
D’un trait durable et clair je voudrais voir inscrit :
Dans les êtres connus, rien dont la trame entière
Consiste en une seule espèce de matière ;
Rien qui ne soit un groupe, un concours d’éléments ;
600Et plus de facultés, d’aspects, de mouvements,
S’assemblent dans un corps, plus règne en ses principes
Une variété de genres et de types.

Commençons par la terre. Elle enferme en ses flancs
La source de ces eaux dont les tributs roulants
Renouvellent la mer immense ; elle recèle
La flamme qui du sol par cent bouches ruisselle,