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LIVRE DEUXIÈME

Disons qu’il est aussi des germes ambigus,
440Ni tout à fait polis, ni tout à fait aigus,
Qui, dressant à moitié leur pointe minuscule,
Chatouillent sans blesser. L’aunée et la fécule
Doivent leur saveur mixte à ces combinaisons.

Enfin, les feux cuisants, les rigides glaçons,
N’ont ni les mêmes dents ni la même morsure ;
Et l’épreuve du tact est là qui nous l’assure.
Le tact, par tous les dieux, le tact, vrai sens du corps,
Juge l’impression, choc venu du dehors
Ou contre-coup secret d’une blessure intime ;
Soit que de notre chair Vénus féconde exprime
Les sucs générateurs, soit qu’un mal sourd entre eux
Choque les éléments confus et douloureux ;
Comme il peut t’arriver, lorsque ta main t’échappe
Et, tombant sur toi-même, en quelque endroit te frappe.
Ainsi les éléments, j’en atteste les faits,
Sont divers en leur forme ainsi qu’en leurs effets.

Considère les corps d’aspect rude et compacte :
L’étroit enlacement de crocs pressés contracte
Leur substance en faisceaux noués profondément.
460En tête de ces corps marche le diamant,
À tous les coups rebelle, et l’airain, qui s’emporte
En lamentations lorsque tourne ta porte,
Et le silex robuste et l’inflexible fer.
Quant aux fluides purs, comme l’onde et l’éther,
Leurs atomes sont ronds, leur substance est polie ;
Leurs globules fuyants, que nul crochet ne lie,