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entre cette phrase : monstrataque condere vultus Lumina et cette autre : Stupet ipsa gravi non tardior umbra. Il est en effet naturel de penser que la nuit devenait d’autant plus lente que les astres restaient arrêtés plus longtemps par la vertu des enchantements de Médée. On pourrait seulement trouver étrange le mot vultus appliqué aux astres. Mais cette métaphore un peu hardie n’est pas sans exemple dans Valérius, qui en emploie souvent de plus hardies encore, et d’un goût bien plus équivoque.

v. 462. Erinnys. En Grèce, comme dans l’Orient, le sang de l’homme tué criait vers le ciel, et la vengeance en était confiée au bras des Érinnys. Dans l’origine, elles ne vengèrent que les deux crimes les seuls connus de l’antiquité, le parjure et le meurtre des proches parents. C’est ainsi qu’on les trouve dans Homère et dans Hésiode. Ce sont les divæ ultrices des poëtes romains. Elles poursuivent les criminels comme des chasseresses et comme des chiens, disent les tragiques grecs. Lorsqu’Athènes eut plus tard, dans son aréopage, des vengeurs du meurtre, les déesses irritées devinrent les déesses expiées, Ευμένιδες. Alors elles se retirèrent dans les enfers, où les poëtes leur attribuèrent les fonctions de bourreaux. Elles ne reviennent sur la terre que lorsqu’il faut inspirer à quelqu’un de la fureur, ou des projets de meurtre. C’est ainsi qu’on les voit dans le cercle mythique des poëtes romains, depuis Virgile. Bientôt Ποίνη, , qui signifia la rançon du meurtre, comme le pœna des Latins, servit à désigner Érinnys qui venge les crimes de meurtre ; de là Ποινῆτις Ἑριννυς. Voyez la note du v. 849 du livre i.

v. 509. Meritis perjuria pœnis Despondet, pour despondet perjuriis meritas pœnas. C’est un de ces renversements de construction, appelés hypallages par les rhéteurs, et qui sont très-familiers aux poëtes, particulièrement à Virgile.

v. 604. Non aliter medio. Valérius compare ici Jason, vainqueur, des taureaux, aux Lapithes, les premiers qui domptèrent les chevaux. Le cheval dont parle le poëte est sans doute celui que Neptune fit sortir de terre, d’un coup de son trident.

v. 624. Agmina Palladios. Hyginus dit que ce fut avec le secours de Minerve qu’Hercule parvint à détruire l’hydre de Lerne. Elle lui donna le conseil d’employer le feu au lieu du fer.

v. 636. Comatos. Ce mot indique les Galles, prêtres de Bellone ainsi que de Cybèle, et qui, descendus de ces Gaulois transplantés dans l’Asie Mineure, où ils prirent le nom de Gallo-Grecs, avaient la longue chevelure de leur nation.



LIVRE VIII.

v. 6. Ultima virgineis. Les bandelettes des vierges différaient de celles des femmes mariées. Toutes deux cependant n’appartenaient qu’aux femmes libres. Valérius désigne la bandelette virginale dans le vers indiqué ; Properce décrit la bandelette conjugale dans ceux-ci :

Mox ubi jam facibus cessit prætexta maritis,
Vinxit et aspersas altera vitta comas.

Liv. v, Élég. xi, v. 34.


car on voit qu’il désigne là une autre bandelette que la bandelette conjugale.

v. 8. Ante perantiqui. Tous les manuscrits portent per antiqui en deux mots. Nous l’avons, à l’exemple de M. Ad. Dureau de Lamalle, à qui cette heureuse correction est due, rétabli en un seul. La préposition per qui venait immédiatement après ante, rendait celle-ci inintelligible.

v. 28. Latmius. Le chasseur du Latmus, Endymion. Le Latmus était une montagne de la Carie, qui dominait sur le petit golfe où était placée la ville de Milet.

v. 91. Veniens Alpheos. L’Alphée prenait sa source en Élide ; il passait par-dessous les eaux de la mer et par des cavités souterraines, pour venir en Sicile confondre ses eaux avec celles de la fontaine d’Aréthuse. Voyez cette jolie fable dans Ovide, Métam. v, v. 494-497 et 573 et suiv.

v. 96. Sacra ferens epulas. On a vu que ce dragon avait une origine céleste. Le mot epulas était consacré pour les banquets des dieux. À Rome les prêtres qui présidaient aux repas des sacrifices s’appelaient epulones.

v. 116. Thaumantias. Iris, fille de Thaumas, lequel était fils de la Terre et de la Mer, suivant Hésiode et Hyginus.

v. 177. Erginus. Le pilote qui avait succédé à Tiphys. Voy. v, v. 65.

v. 178. Vos, ait, Æsonide. En parlant à un chef, à un général, à un empereur, les Romains employaient souvent le pluriel, comme le supposant toujours entouré. Ainsi Plaute dans le Pœnulus, act. iii, sc. ii, v. 27 : Agite, intro abite Agorastocles ; et Tibulle, liv. i, Élég. iii, , v. 1 : lbitis Ægeas sine me, Messala, per undas.

v. 183. Mutandum, o socii. Les écrivains grecs ne sont point d’accord sur la route que suivirent les Argonautes à leur retour. L’opinion qu’a suivie Apollonius de Rhodes, et après lui Valérius, est celle de Timagète. Celui-ci, dans son ouvrage sur les ports, assurait que l’Ister, sorti des monts de la Germanie, se rendait dans un grand lac, et que là il se partageait en deux branches, dont l’une se rendait dans le Pont Euxin et l’autre dans la mer de Germanie ; et que c’était en suivant cette dernière branche que les Argonautes s’étaient rendus en Étrurie.

v. 194. Corymbis. Voyez iv, v. 691.

v. 195. Ignarus fixas. Voyez iv, v. 710.

v. 201. Plaustris migrantibus. Voyez vi, v. 154.

v. 211. Murmura ponunt. Idas avait déjà donné l’exemple des murmures. Voyez vii, v. 574.

v. 214. Carambin. Promontoire de la Paphlagonie. Voyez iv, v. 599. — Regna Lyci. Les États de Lycus roi des Mariandyniens, Voy. vi, v. 737,748 ; v, v. 8.

v. 217. Insula… Peuce. L’ile de Peucé est proprement le delta formé par les différents bras du Danube. Selon Ptolémée, les grandes nations de la Sarmatie sont les Bastarnes et les Peucins, qui occupent le dessus de la Dacie. Il est même parlé de ces deux peuples comme d’un seul. D’Anville a placé sur sa carte les Peucins à l’embouchure du Danube. On voit pourtant que Valérius (v. 219) y a mis les Alains.

v. 236. Arsuras alia. Ceci a trait à Créuse, fille de Créon, roi de Corinthe, que Jason épousa, après avoir répudié Médée. Pour se venger de cet affront, Médée, suivant Euripide, envoya à Créuse des ornements qui s’enflammèrent aussitôt que Créuse s’eu fut parée, et qui la firent périr, elle, son père et tout le palais. Valérius fait donner à Créuse la couronne de Médée, duplicem coronam, ainsi appelée, suivant Heyne, ad Virgil. Æn., i, v. 655, parce qu’elle était d’or et incrustée de perles.

v. 239. Sic ubi Mygdonios. Médée est ici comparée aux prêtres de Cybèle et aux autres adorateurs de cette déesse, qui, après s’être tailladé les bras à coups de couteau, pendant les premiers jours de fêtes, lavaient leurs plaies dans l’Almon pendant les derniers jours, et se livraient ensuite à la joie. Valérius rappelle encore deux fois ces fêtes ; iii, v. 232 et suiv. ; vii, v. 635.

v. 245. Ignem Pollux. Ce sont les cérémonies romaines que Valérius a décrites ; car l’usage des Grecs, ainsi que