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mêlé au lait de leurs juments. — Les Mèdes s’appelaient anciennement Ariens ; mais Médée de Colchos étant passée d’Athènes dans leur pays, ils changèrent leur nom, pour un nouveau qu’ils firent dériver de celui de cette princesse. Ces peuples étaient souvent en guerre avec les Amazones.

v. 128. Temnere Phinei. On doit se rappeler que Phinée ( iv, v. 606 ) avait conseillé aux Argonautes d’éviter la terre des Amazones et de gagner la pleine mer, sitôt qu’ils approcheraient de Thémiscyre.

v. 133. Bellique labores… Virginei. On peut, au milieu de toutes les fables dont on a grossi l’histoire des Amazones, distinguer pourtant quelque chose de vraisemblable, quelque chose qui offre en effet un fondement réel. Éphore, suivant le scholiaste d’Apollonius, ii, v. 967, assure que les Amazones, irritées contre les hommes, avaient choisi le moment où plusieurs d’entre eux étaient partis pour la guerre, avaient massacré ceux qui étaient restés, et refusé de recevoir les autres, à leur retour. Elles envoyèrent, suivant Denys et Zénothémis, des colonies en Éthiopie et en Libye, où, après plusieurs conquêtes sur les peuples de ces deux pays, elles passèrent en Europe et y fondèrent des villes. Plutarque (Vie de Thésée) rapporte que la guerre des Amazones contre les Athéniens fut une guerre terrible, et non une guerre de femmes. Thésée les vainquit, et depuis, on fit tous les ans un sacrifice aux Amazones, la veille des fêtes de Thésée.

Chez les Circassiens qui habitent la partie du Caucase autrefois occupée par les Amazones, on trouve encore aujourd’hui les femmes habituellement séparées des hommes, et on a vu, dans quelques batailles modernes entre les peuples de ces contrées, des femmes armées de pied en cap, tenir leur rang parmi les guerriers.

v. 140. Quo balteus. C’était le baudrier de Mars, que portait Hippolyte, une des Amazones. Il fut l’objet du neuvième des travaux d’Hercule. Admète, fille d’Eurysthée, en eut envie, et le héros se rendit sur les bords du Thermodon. Junon, toujours irritée contre lui, souleva les Amazones, et Hercule ne gagna qu’après un combat terrible ce qu’il aurait pu obtenir comme un don.

v. 142. Pervigil auditur Chalybum. Les Chalybes, peuple peu nombreux et voisin de l’Arménie, occupaient un pays partagé en vallées profondes et en montagnes, et qui aujourd’hui est appelé Keldir. Leur ancienneté touche au berceau de la poésie. Homère, qui, selon Strabon, xii, les indique sous le nom d’Alybes, Iliad., ii, t. 857 ; Eschyle, Apollonius, Catulle, Callimaque, Hérodote, Xénophon, et une foule d’autres encore, historiens et poëtes, en parlent comme d’un peuple sauvage, peu hospitalier, laborieux, s’occupant peu ou point d’agriculture, à cause de la stérilité de leurs contrées, mais passant sa vie à forger du fer, dont il possédait de nombreuses et fécondes mines. Strabon représente les Chalybes comme demeurant sur les rives du Pont-Euxin ; il ajoute que les Chaldéens et les Chalybes sont un même peuple. Denys Périégète, vers 768, Anne Comnène, Alexiade, xiv, p. 451, appellent aussi les Chaldéens, Chalybes.

v. 148. Genetæi. Le cap Génétès et le fleuve du même nom se trouvent immédiatement après les Chalybes, et tout près du promontoire qui prit de l’expédition des Argonautes le nom de Jason, Jasonium, nom qu’il a conservé jusqu’à ce jour presque sans altération sous celui d’Iasoun. Il y avait sur ce cap un temple de Jupiter Xenius ou hospitalier. — Les Tibaréniens habitaient non loin du fleuve et du promontoire de Jasonium et de Boona, dans le canton de Sidéna, pays fertile en pâturages, ainsi nommé du fleuve Sidénus qui le traverse et tombe dans l’Euxin. Ce peuple, de race scythe, passait pour le plus juste de tous les peuples ; ne combattant jamais ses ennemis par la ruse ni par les embûches, mais lui dénonçant toujours d’avance le lieu, le jour et l’heure du combat. Cet usage bizarre des hommes, quand les femmes accouchaient, de se mettre au lit le bonnet de nuit sur la tête, de pousser des cris de douleur, de se faire traiter enfin par ces malheureuses comme on traite les accouchées, existait chez les anciens Corses, chez les anciens Espagnols (Strabon, iii), et se retrouve encore aujourd’hui chez les Tartares (Marco Paolo, ii), chez les Caraïbes, au Canada et chez les sauvages de la Guyane, sans qu’on puisse expliquer l’origine de ce singulier usage.

v. 152. Mossyni. Les Mossyniens, les Macrons, les Byzères et les Philyres s’appelaient du nom général d'Heptacometæ ou habitants des sept bourgades. Ils occupaient tout le pays qui, de la mer à la chaîne des monts Scydisses, se trouve renfermé entre le fleuve Pharmaténus qui coule à l’ouest, près de Cérasonte, et le fleuve Ophis, qui se jette à l’est dans l’Euxin, au delà de Trébisonde. Voyez, sur toutes ces peuplades qu’il visita lui-même, Xénophon, Anabasis, v, c. 4. Les Mossyniens, ainsi nommés par Pline l’ancien, tiraient leur nom des tours de bois dont ils faisaient leurs habitations ; οἶκοι maisons, μόσσυν tour de bois. Les Macrons habitaient les montagnes le long de l’Euxin, vers la source du Boas ou Acampsis, rivière impétueuse qui sépare la Colchide des frontières de l’Arménie. Strabon, xii, rapporte qu’ils se sont depuis appelés Sanni ; aujourd’hui Tzani. Les Philydens ou Philyres étaient voisins de Trapézunte, depuis Trébisonde. Selon Phérécide {Schol. d’Apol., ii, v. 1235), au moment d’être surpris par sa femme Rhéa dans ses amours avec Philyre, fille de l’Océan et mère du centaure Chiron, Saturne se métamorphosa en cheval. Telle est l’origine du nom des Philyriens.

v. 155. Ultimus ille sinus. Ce fut le dernier golfe que les Argonautes visitèrent : de là, apercevant le Caucase, ils cinglèrent droit vers l’embouchure du Phase. Entre l’Euxin et la mer Caspienne, les branches élevées du Caucase traversent dans toutes les directions la Colchide, l’Ibérie, et l’Albanie ; il était regardé comme faisant partie de la chaîne immense du Taurus, dont les anciens le croyaient le point le plus élevé. Pline en fait une très-belle peinture, c. 20 et 27 du liv. v.

v. 167. Hiber. L’Ibérie, selon Strabon, xi, et Ptolémée, v, c. 2, est un vaste plateau, entouré de tous côtés par des montagnes ; au couchant, elle joint la Colchide, au levant l’Albanie, dont elle est séparée par le fleuve Alazon. Vers le nord, le Caucase la sépare des Nomades septentrionaux ; vers le midi, le Cyrus et les chaînes du Paryadrès et des Mosches la divisent d’avec l’Arménie.

v. 179. Ostendere Colchos. La Colchide s'étendait du nord, depuis Dioscuras, aujourd’hui Isagone, jusqu’à Trapezunte, à présent Trébisonde, ville située vers le sud-est. Elle comprenait encore du temps d’Hérodote, vers le sud et le sud-ouest, les Macrons et les Mossinèques. Selon Chardin, l’ancien royaume de Colchos s’étendait d’un côté jusqu’aux Palus-Méotides, et de l’autre jusqu’à l’Ibérie. La Mingrélie actuelle n’a pas plus de 110 milles de long et 60 de large. Du coté d’orient, elle est enfermée par le petit royaume d’Imirette, du côté du midi par la mer Noire, du côté d’occident par les Abcas, du côté du nord par le Caucase. Les Caucasiens sont ces Huns si renommés, partagés aujourd’hui en différents petits peuples. Les autres peuples voisins de la Colchide sont les Allanes, les Suanes, les Gigues, les Carachères, dans lesquels on retrouve aisément les anciens noms des Alains, des Tzaniens, des Zéchiens, des Caracioles. L’air de la Mingrélie est tempéré, mais extrêmement humide ; il y pleut continuellement. Selon Strabon, xi, la Colchide est un pays fertile ; toutes