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la poitrine de son javelot, le démonte, et saute sur le cheval. Jupiter sourit du haut des nues, (6, 210) et reconnaît son fils à l’adresse du cavalier. En même temps Médorès, que ce spectacle afflige et irrite, s’élance vers Castor, et s’adressant aux Dieux : « Ou sa mort, ou la mienne, dit il ; mais que ce trait punisse d’abord le coursier impie, qui garde même les armes que mon père lui a confiées, souffre sur son dos un nouveau maître, et se tourne contre moi. » Il dit ; mais le javelot de Phalère l’a devancé ; il tombe ; son cheval fuit dans les rangs des siens.

(6, 219) Qui prévoyait qu’un jour Amyclée et le bras d’un guerrier d’Œbalie, que séparent de toi, Rhyndacus, tant de monts et de mers, te seraient si fatals ? C’en est fait aussi de l’intrépide Tagès ; le fer a traversé ses entrailles. Né de l’illustre Taulas et d’une nymphe des bois, les sœurs de sa mère prirent de son enfance et de sa parure un soin exagéré. Mais à quoi bon aujourd’hui ce lin blanc et fin qui le revêt, cette chlamyde brochée d’or, ce panache de fourrure qui orne son casque, ces braies si richement brochées ? Cependant le nouveau cavalier, pénétrant jusqu’au centre des bataillons épouvantés, lançait flèche sur flèche, (6, 230) ou frappait çà et là de sa flamboyante épée, renversant tout ce qui lui faisait obstacle ; quand, terrible et poussant des cris sauvages, arrive un escadron de Sarmates. Couverts, ainsi que leurs chevaux, d’une cotte de mailles, ils tiennent collée à l’épaule du cheval, et appuyée contre leur cuisse, une pique immense, dont l’ombre se projette au-dessus des rangs ennemis. Hommes et chevaux, s’élancent ; l’arme suit, docile à la main qui la pousse ou la retire, et dont le coup est d’autant plus dangereux qu’il vient de plus haut. (6, 239) Grâce à la légèreté de son cheval, Castor, par des évolutions rapides, par des feintes bien ménagées, trompe leurs efforts. Harassés de fatigue, ils meurent avec indifférence. Moins habiles que Castor, les Colchidiens courent eux-mêmes au-devant du trépas. Campésus, frappé au cœur d’un coup mortel, tombe, en expirant, sur la lance de son ennemi. Œbasus, qui pensait éviter Phalcès en ployant le genou, reçoit le fer dans l’œil gauche. Sibotès, au contraire, se fiant en sa double cuirasse, lève son épée sur la lance d’Ambénus et en brise le bois : (6, 250) inutile succès ! le fer est entré dans sa poitrine, et Ambénus qui ne le regrette guère, perce Otrée avec le tronçon. Taxès entraîne après soi Hypanis qu’il a tué à moitié, secoue le corps pour en dégager sa lance, et la retire en courant : mais, tandis qu’il se remet en garde, Castor le joint, l’attaque à l’improviste et l’immole.

Le cheval d’Onchée va donner du poitrail contre une pique ennemie. Onchée rassemble en vain toutes ses forces pour le retenir : percés tous deux, le cheval tombe sur le flanc, le cavalier tombe après lui ; les armes du guerrier et sa lance teinte de son sang, sont jetées au loin. (6, 260)Tel l’oiseau, qui se fiait au feuillage protecteur d’un épais peuplier,