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au pavot ? Les commentateurs se sont tourmentés pour expliquer ce mot. Le pavot se mêlait chez les anciens avec le blé, pour faire le pain ; d’ailleurs on en ornait les statues de Cérès : voilà, je crois, l’explication la plus naturelle du mot cereale.

v. 221. Ante tibi. Par le mot Eoœ, Virgile entend le coucher des Pléiades au matin, c’est-à-dire quand les Pléiades descendent sous l’horizon au couchant, en même temps que le soleil paraît sur l’horizon à l’orient. Columelle, en expliquant ce passage de Virgile, nous apprend que cela arrivait au neuvième jour des kalendes d’octobre.

v. 229. Haud obscura cadens. L’Arcture ou le Bouvier (bootes) se couche, selon Columelle, le 21 d’octobre.

v. 240. Mundus ut ad Scythiam. Virgile parle ici des pôles, et de leur élévation relative à l’horizon de chaque peuple.

v. 247. Illic, ut perhibent… Les anciens imaginaient que le soleil n’éclairait point l’autre hémisphère ; on voit cependant par la suite de ce morceau que Virgile soupçonnait le contraire.

v. 267. Nunc torrete igni... Les Romains séchaient leurs grains avant de les moudre ; et il est probable qu’ils y étaient obligés par une ancienne loi. Nous lisons dans Pline : « Instituit far torrere, quoniam tostum cibo salubrius esset. Id uno consecutum, statuendo non esse purum ad rem divinam, nisi tostum. »

v. 272. Balantumque gregem… Rarement il y a dans Virgile des mots oisifs : ici salubri est essentiel au sens ; car Columelle nous apprend qu’il n’était pas permis de baigner les brebis aux jours de fête pour épurer leur laine, mais seulement pour cause de maladie.

v. 274. … Lapidemque revertens. Lapidem signifie ici, selon Servius, une pierre à moudre ; selon d’autres, un mortier de pierre où l’on broyait le grain, comme on l’apprend par ce passage de Tosinus sur les antiquités romaines : « Ante usum molarum, frumenta in pila comminuebantur. » À l’égard de la poix, les Romains en faisaient grand usage pour goudronner les vases où ils gardaient le miel et le vin.

v. 336. Frigida Saturni sese… Ce qui peut avoir donné lieu à l’épithète frigida, c’est que Saturne est à une plus grande distance du soleil que les autres planètes. D’ailleurs les anciens le regardaient comme le dieu du froid, ainsi qu’on peut le voir par ce vers de Lucain :

Frigida Suturni glacies et zona nivalis
Cessit.

v. 380. … Et bibit ingens. Les anciens croyaient que l’arc-en-ciel pompait les eaux de la mer. On trouve parmi les poëtes plusieurs allusions à ce préjugé. Dans une comédie de Plaute, quelqu’un voyant boire une femme vieille et courbée, dit plaisamment :

Ecce autem bibit arcus : pluet, credo, hodie.

v. 404. Adparet liquido… Nisus avait un cheveu couleur de pourpre, dont dépendait le sort de ses États. Scylla, sa fille, amoureuse de Minos qui assiégeait Nisus dans Mégare, lui coupa le cheveu fatal. Nisus fut métamorphosé en épervier, et Scylla en alouette. Depuis ce temps-là, le père pour se venger de sa fille la poursuit dans les airs.

v. 432. Sin ortu quarto… Il s’agit ici du quatrième jour de la lune. Virgile a suivi l’opinion des astronomes égyptiens : Quartam maxime observat Ægyptus.

v. 498. Di patrii Indigetes… Larue joint ensemble Di patrii Indigetes. Je crois qu’il se trompe. Une foule d’exemples me fait penser que Virgile parle ici de deux sortes de dieux : di patrii, les dieux du pays, les dieux tutélaires, les dieux pénates ; Di indigetes, les hommes déifiés.

v. 509. Hinc movet Euphrates… Cet endroit semble avoir été écrit dans le temps qu’Auguste et Antoine rassemblaient leurs forces pour cette guerre dont le succès fut décidé par la défaite d’Antoine et de Cléopâtre, au promontoire d’Actium. Antoine tirait ses forces de la partie orientale de l’empire ; c’est ce que désigne Virgile par l’Euphrate : Auguste tirait les siennes de la partie septentrionale ; c’est ce qu’exprime Germania.


LIVRE II.

v. 10. Namque aliæ, nullis… il y a dans le texte nullis hominum cogentibus, ipsæ sponte sua veniunt. Quelques commentateurs ont faussement accusé Virgile en cet endroit d’une erreur de physique. Virgile veut dire qu’il y a des arbres qui viennent, non pas sans semence, mais seulement sans avoir été semés de mains d’hommes.

v. 17. Pullulat ab radice… Le cerisier était un arbre nouveau parmi les Romains du temps de Virgile. Pline nous apprend que Lucullus le transporta du Pont en Italie, après la défaite de Mithridate.

v. 20. Hos natura modos… Virgile a marqué les trois manières naturelles dont les arbres peuvent naître, ou d’une semence que le hasard a fait germer, ou d’une semence déposée par l’homme, ou enfin de rejetons : maintenant il va parler des manières artificielles de multiplier les arbres.

v. 37.… Juvat Ismara Baccho. L’Ismare est une montagne de la Thrace, et le Taburne une montagne de la Campanie. La première était fertile en excellents vins, la seconde en oliviers. On la nomme aujourd’hui Taburo.

v. 63. Sed truncis oleæ… Columelle a dit de même, melius truncis quam plantis olivetum constituitur. Truncus dans ce vers est opposé à propagine.

v. 70. Et steriles platani… Le platane est ainsi appelé de πλατὺς, large à cause de la largeur de ses feuilles. Les anciens avaient pour cet arbre une espèce de vénération, jusqu’à l’arroser de vin.

v. 75. Angustus in ipso. Nos agriculteurs, au lieu de faire l’incision dans le bouton, la font au-dessus et au-dessous.

v. 78. Aut rursum enodes… Columelle a dit de même : « Ea parte quamaxime nitida et sine cicatrice (est arbor). » Virgile ne parle ici que de deux manières d’enter : nous en avons plusieurs autres, qu’on peut lire dans les livres d’agriculture.

v. 83. Præterea genus haud unum… Nous avons vu jusqu’à présent comment la nature et l’art multiplient les arbres. Virgile, dans la seconde partie, traite de la diversité des espèces. Dans cette énumération, il parle 1° des arbres des champs ; 2° de ceux des jardins ; 3° enfin des vignobles.

v. 85. Nec pingues unam… Virgile nomme trois sortes d’olives : Orcades ou orchites, de ὅρχις, testiculus, parce qu’elles étaient rondes ; radios, parce qu’elles avaient la forme d’une navette ; pausia, du mot pavire, qui veut dire broyer ; parce que, si l’on en croit Columelle dernière espèce était celle qu’on broyait pour exprimer l’huile.

v. 88. Crustumiis, Syriisque piris… Comme Virgile a nommé trois sortes d’olives, il nomme trois sortes de poires, 1° Crustumia, de Crustumium, ville de Toscane ; 2° Syria, qu’on nommait autrement Tarentina, parce qu’elles avaient été transportées de Syrie à Tarente ; 3° Volema parce qu’elles remplissent la paume de la main, volam manus.

v. 90. Quam MethymnæoMethymna était une ville de l’île de Lesbos, dans la mer Egée.

Thase était une île de la même mer. Il est probable