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pas digne de la douce compagne de Neptune.

(510) Depuis, ceux de Mégare ne la virent plus enlacer sa tête blonde de bandes de pourpre ; cette couche que parfumait l’amome de Tyr ne reçut plus la fille des rois : pour elle, plus de demeures. Des demeures ! à quoi bon ? À peine du sein de la vague blanchissante a-t-elle, rapide et sonore, déployé vers les cieux ses ailes bruyantes, et secoué au loin sur la mer une abondante rosée, qu’elle va, la malheureuse jeune fille, en vain ravie à la mort, traîner sa vie sauvage au milieu des rocs solitaires, des brisants, des écueils, et le long des grèves désertes. (520) Et encore le châtiment la poursuit-il jusque-là. Le roi des dieux, dont l’ordre meut la terre et ses mille régions, s’indigne de voir voler vers les immortels l’abominable jeune fille, tandis que son père inanimé est enseveli dans l’ombre de la nuit : pour le récompenser de sa piété (car cent fois ses mains suppliantes avaient inondé les autels du sang des taureaux, cent fois il avait décoré de ses larges offrandes les demeures des dieux), Jupiter lui rendit la douce vie, mais en le transformant. Et Nisus, reparaissant sur la terre, devient l’Haliéète ; car le dieu qui resplendit dans la foudre n’aime que les aigles. (530) Et comme la malheureuse Scylla avait été condamnée auparavant par la sentence du fils des dieux et d’un amant, il attacha à la fille la sanglante haine du père en courroux. De même qu’au ciel le lumineux Orion, et l’astre qui l’emporte en beauté sur tous les signes de l’Empyrée, qui seul se partage en deux groupes d’étoiles, le Scorpion, se poursuivent et se fuient tour à tour ; de même l’Haliéète et l’Aigrette s’entretiennent dans leur sombre colère, et gardent à travers les siècles leurs implacables souvenirs. L’Aigrette fend-elle d’une aile légère et fugitive le vaporeux espace ; voici Nisus, atroce en sa vengeance, qui la poursuit avec un aigre fracas à travers les airs. Nisus s’élance-t-il vers les mers ; (541) celle-ci de fendre en fuyant l’air qui cède à son aile.




CATALECTES.


I.
À TUCCA.

Délie est venue pour toi, Tucca ; mais la voir souvent ne t’est pas permis : l’époux la cache et la tient sous les verrous. Délie est venue souvent pour toi ; pour moi, pas encore. Ce qui est caché et qu’on ne peut toucher est bien loin. Appellerais-tu cela venir à toi ? La belle nouvelle ! Et qu’est-ce qu’elle m’apprend ? Je dis, moi, qu’une belle est venue me voir, quand elle est rentrée chez elle.


II.
SUR LE RHÉTEUR C. ANNIUS CIMBER.

Voilà un amateur des mots corinthiens ! voilà, voilà un rhéteur ! Comme Thucydide, ce