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repoussé, le Parthe qui met son espoir dans la fuite, et dans ses flèches qu'il retourne contre nous ; deux trophées coup sur coup remportés sur des ennemis divers, et d'une mer à l'autre les nations deux fois menées en triomphe. Soudain le marbre de Paros, s'animant sous mes doigts, fera revivre la race d'Assaracus, tous les noms des descendants de Jupiter, Tros leur père, et Apollon qui a bâti Troie. La malheureuse Envie sera là, redoutant les Furies et le noir Cocyte, les serpents entrelacés d'Ixion, son immense et éternelle roue, et le rocher que Sisyphe ne soulèvera jamais.

(3, 40) Cependant, ô Mécène, je veux suivre les Dryades dans les bois, et le premier y fouler des sentiers inconnus ; je veux t'obéir, quelque grand qu'en soit l'effort. Sans toi, mon esprit n'entreprend rien d'élevé. Allons, force enfin ma trop longue paresse. J'entends le Cithéron qui m'appelle à grands cris, et les chiens du Taygète, et les coursiers domptés d'Épidaure ; j'entends mugir et leur répondre les échos redoublés des bois. Cependant je me préparerai bientôt à chanter les furieux combats de César, et à faire vivre son nom dans l'avenir autant d'années qu'il s'en est écoulé depuis la naissance du vieux Tithon.

Soit qu'épris des palmes triomphales d'Olympie, (3, 50) tu élèves des coursiers pour les jeux ; soit que tu nourrisses de vigoureux taureaux pour le labour ; aie soin avant tout de bien choisir les mères : la vache la meilleure est celle qui a l'œil farouche, la tête d'une informe beauté, le cou épais, et qui laisse tomber jusqu'à ses jambes son fanon pendant. Ses flancs allongés s'étendent sans mesure ; elle a tout grand, même le pied ; et dessous ses cornes recourbées on voit poindre deux oreilles velues.

J'aime encore celle qui est tachetée de blanc ou de noir, qui secoue le joug, qui de temps en temps menace de la corne, qui tient du taureau par le mufle, et qui, haute par toute sa taille, balaye, en marchant, la poussière de sa queue traînante. (3, 60) Le bon âge des vaches pour l'hymen et pour les travaux de Lucine commence après quatre ans, et finit à dix : plus jeunes ou plus vieilles, elles ne sont ni propres à porter, ni assez fortes pour la charrue. C'est pourquoi, tandis qu'elles sont en pleine jeunesse, lâche vers elles tes taureaux ; le premier envoie-les aux combats de Vénus ; et répare l'une par l'autre les races perpétuées de tes troupeaux. Hélas ! les plus beaux jours sont les premiers qui passent pour les pauvres mortels ! voici venir les maladies, et la triste vieillesse, et les souffrances, et la mort qui nous emporte, la dure et impitoyable mort.

Tu auras toujours dans tes étables assez de bêtes épuisées à remplacer : (3, 70) remonte sans cesse ton troupeau ; et, pour ne pas regretter plus tard d'irréparables pertes, préviens-les, et tous les ans fais de nouveaux nourrissons.

Ne sois pas moins sévère dans le choix des chevaux. Que ceux que tu destines à multiplier leur espèce aient, dès l'âge le plus tendre, tes premiers soins. Vois le poulain de bonne race, comme il marche fièrement dans la plaine, et se