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impressions diverses. De là ce concert des oiseaux dans les champs ; de là cette joie des bêtes, et ces cris heureux des corbeaux.

Si tu es attentif au cours régulier du soleil et de la lune, jamais tu ne seras trompé sur le temps du lendemain, et tu ne te laisseras pas prendre à la sérénité perfide de la nuit. Le premier jour que la lune, rassemblant sa lumière, reparaît à l'horizon, si son croissant obscurci laisse par moments les cieux s'assombrir, alors de grandes pluies menacent les laboureurs et les matelots. (1, 430) Mais si le front de Phébé s'est coloré d'une pudeur virginale, crains le vent ; toujours le vent enflamme le beau visage de Phébé. Si le quatrième jour (c'est ton plus sûr indice) la lune se lève claire et pure, et si les pointes de son croissant ne sont pas émoussées, ce jour et tous les jours suivants, jusqu'à la fin du mois, seront sans pluie et sans vent ; et les matelots, sauvés de la tempête, acquitteront sur le rivage leurs vœux à Glaucus, à Panope, et à Mélicerte.

Le soleil, quand il se lève ou qu'il se plonge dans la mer, te donne aussi ses présages. Le soleil n'a que des signes certains, (1, 440) qu'ils éclatent le matin, ou quand les astres reparaissent. Si, au moment où il se lève, il est parsemé de taches, et caché dans un nuage où son disque s'efface à demi, que le ciel te soit suspect ; car je vois s'élever du côté de la mer le Notus, avec ses pluies funestes à tes arbres, à tes semences, à tes troupeaux. Mais si, dès le matin, l'astre laisse échapper du milieu d'épais nuages des rayons épars et brisés, si l'Aurore se lève pâle de la couche dorée de Tithon, ah ! que tes raisins déjà mûrs seront mal à couvert sous leurs pampres ! quelle horrible grêle rebondit sur ton toit, serrée et retentissante !

(1, 450) Mais tu dois observer le soleil avec plus d'attention, à l'heure où, ayant parcouru sa carrière, il se retire des cieux ; car souvent nous voyons errer sur sa face mille couleurs changeantes. L'azur t'annonce la pluie, le pourpre enflammé, les vents ; s'il y a comme un mélange de feu et de taches noires, tu verras tout éclater en vent et en pluie : que personne, en cette nuit horrible, ne m'engage à gagner la haute mer, et à couper le câble qui me retient au rivage. Au contraire, si en nous ramenant et en nous retirant le jour qui s'éteint avec lui, le soleil retient toute sa lumière, c'est en vain que les nuages t'alarmeront ; (1, 460) et tu verras les forêts frémir dans l'air épuré par l'aquilon. Enfin le soleil te dira ce que Vesper te réserve pour le lendemain, d'où vient le vent, d'où les nuages sont poussés, et les menaces de l'humide auster. Qui oserait accuser le soleil d'imposture ? Le soleil nous annonce les sourds mouvements qui travaillent les empires, les complots, les guerres cachées qui fermentent.

C'est lui qui, après la mort de César, eut pitié de Rome, quand il couvrit son front brillant d'une rouille obscure, et que le siècle impie craignit une nuit éternelle. En ce temps-là tout nous donnait des avertissements, la terre, les