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MÉNALQUE.

Que me sert, Amyntas, que dans ton âme tu ne me méprises point, si, tandis que tu poursuis les sangliers, moi je garde les filets ?

DAMÉTAS.

Iolas, envoie-moi Phyllis ; c’est mon jour natal : toi, quand je sacrifierai une génisse pour mes moissons, viens toi-même.

MÉNALQUE.

J’aime Phyllis plus que toutes les autres ; car elle a pleuré de me voir partir, et elle m’a dit longtemps : Adieu, adieu, bel Iolas.

DAMÉTAS.

(3, 80) Le loup est funeste aux bergeries, les pluies aux moissons mûres, les vents aux arbres ; à moi les colères d’Amaryllis.

MÉNALQUE.

L’eau est douce aux champs ensemencés, l’arboisier aux chevreaux sevrés, le saule pliant aux brebis pleines ; à moi le seul Amyntas.

DAMÉTAS.

Pollion aime ma muse, toute rustique qu’elle est. Déesses du Permesse, nourrissez une génisse pour le poëte qui lit ses vers.

MÉNALQUE.

Pollion fait lui-même des vers vraiment nouveaux. Muses, nourrissez pour lui un jeune taureau, qui déjà menace de la corne et qui fasse en bondissant voler la poussière.

DAMÉTAS.

Que celui qui t’aime, Pollion, arrive où il se réjouit de te voir parvenu ; que le miel coule pour lui ; que pour lui le buisson épineux produise l’amome.

MÉNALQUE.

(3, 90) Que celui qui ne hait point Bavius aime tes vers, ô Mévius ! qu’il s’en aille atteler des renards et traire des boucs !

DAMÉTAS.

Vous qui cueillez des fleurs et les fraises qui naissent à terre, fuyez d’ici, enfants ; un froid serpent est caché sous l’herbe.

MÉNALQUE.

Prenez garde, mes brebis, d’aller plus avant ; la rive n’est pas sûre : le bélier sèche encore sa toison.

DAMÉTAS.

Tityre, éloigne du fleuve mes chèvres : moi-même, quand il en sera temps, je les laverai toutes à la fontaine.

MÉNALQUE.

Enfants, abritez vos brebis : si la chaleur vient à tarir leur lait, comme ces jours passés, nos mains presseront en vain leurs mamelles.

DAMÉTAS.

(3, 100) Hélas ! que mon taureau est maigre dans ces gras pâturages ! Le même amour tue et le troupeau et le pasteur.

MÉNALQUE.

Mes brebis (ce n’est pas l’amour qui en est cause) sont maigres à laisser voir leurs os. Je ne sais quel regard fascine mes tendres agneaux.

DAMÉTAS.

Dis-moi, et tu seras pour moi un Apollon, en