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traînait péniblement de Vire à Paris et de Paris à Vire.

Lucile le vit un jour à sa porte. N’y pouvant tenir, il était venu à Rennes. Elle fut surprise et, dans sa tristesse, elle sourit. À qui souriait-elle ? Ce n’était plus à l’amour. Cet homme lui était à charge, et, en même temps qu’elle le recevait, elle se plaignait à René de ce qu’elle appelait bien durement « les impertinences de M. de Chênedollé. » Ce mot nous gâte un peu le roman de Lucile. Un soir, elle retira sa parole et dit à son amant désespéré :

— « Je ne serai jamais à vous. »

Et comment se fût-elle donnée ? Elle ne s’appartenait plus.

Chênedollé éclata en imprécations.

Elle lui reprocha doucement sa violence et garda jusqu’au bout toute la froideur de sa tristesse. L’entrevue s’achevait : penchée, une lampe à la main, sur la rampe de l’escalier, elle le regarda partir avec une expres--