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temps que René. Il se nommait Chênedollé. Pour son malheur, elle fut remarquée et aimée de lui.

XIII

Charles-Julien Lioult de Chênedollé était de trois ans plus jeune que Lucile. Issu d’une famille de robe, né dans la grasse vallée normande de Vire où les couplets d’Olivier Basselin et de Jean le Houx avaient jailli naturellement comme le cri de l’alouette, il ne sentait point en lui les robustes gaietés des compagnons du Vau-de-Vire. Sa mère, « ingénieuse, dit-il, à se troubler elle-même, » ne vécut « que d’angoisses et d’alarmes. » Il tenait d’elle une âme triste et douce et la maladie du siècle. Son adolescence s’éveilla dans les prés, à la lecture de Gessner et de Jean-Jacques. Il sut garder l’innocence ornée de ces premières heures et se prit d’amour pour la chose rustique. Il aimait les travaux champêtres. La vue des paysans lui rendait sensibles les pages des poètes