Page:Lucile de Chateaubriand, ses contes, ses poèmes, ses lettres.djvu/35

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui gardait son élégance et son goût, y ajoutait une pointe d’impertinence. Mais le ton était parfait chez Mmes de Foix, de Simiane, de Vaudreuil, que Lucile voyait. C’était un monde éloigné de la cour et des clubs, sage, sans préjugés, sans vices, sans force.

VIII

Au commencement de 1791, Lucile, retournée en Bretagne, dit adieu à son frère qui partait pour l’Amérique. François-René s’en allait chercher des images nouvelles et un désennui sur les bords du Mississipi. Il donna une couleur scientifique à son voyage, mais c’était l’aventure qui le tentait. Il était Malouin, et les Malouins tiennent pour proches tous les pays dont ils ne sont séparés que par la mer. Il vit Washington et sentit la grandeur de ce soldat citoyen. Il découvrit à la hâte quelques campements de sauvages et abrégea sa course. Lucile avait à Saint-Malo une amie, petite-fille de feu M. de Lavigne, chevalier de