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moulins moussus et landes parfumées. Ce n’est pas là la Bretagne bretonnante. On parle français dans l'évêché de Dol. Mais le pays est âpre et l’habitant sauvage. La noblesse des environs, gueuse et fière, venait le dimanche, après la messe, dîner au château. Compagnie honnête, mais de faible ressource.

Lucile vivait depuis trois ans en familiarité avec les revenants de Combourg quand ses deux sœurs aînées se marièrent et suivirent leurs maris. Puis ce fut le tour de la troisième, la très-belle Julie, qui épousa le comte de Farcy, capitaine au régiment de Condé. Ainsi s’égrènent les familles. Les trois sœurs vécurent avec leurs trois maris dans la petite ville de Fougères, où il y avait bals, assemblées et dîners. Elles étaient belles toutes trois. Ne croirait-on pas entendre conter le commencement d’une vieille ballade ? Pendant ce temps, la vie de Lucile était monotone et triste dans le château silencieux. L’emploi des heures était sévèrement réglé.

Lucile avait une chambre attenant à l’ap-