Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome I (1923, NRF).djvu/77

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
75
LA JEUNESSE DE RABEVEL

vous paierez plus cher et vous aurez des suppléments à n’en pas finir. Nous, nous vous prenons Bernard, nous le préparons solidement ; s’il est capable, vous êtes sûr qu’il prendra ses brevets, connaîtra la comptabilité, le dessin, tout ce qui est nécessaire au commerce et à l’industrie ; s’il est très fort nous le présenterons aux Arts et Métiers ou à Centrale ; il sera suivi, chauffé, cultivé avec un soin de tous les instants ; on ne le laissera pas, comme dans un lycée, livré à lui-même ; mais toujours quelqu’un sera là pour lui donner l’explication ou l’aide dont le manque à l’heure opportune suffit parfois à compromettre, dans un enfant, les résultats de plusieurs années de travail.

— Tout ce que vous voudrez, dit le père Jérôme, mais cinq cents francs ! D’où voulez-vous que nous les tirions ? Rodolphe déclara alors avec sécheresse :

— Pour ma part, je ne peux pas vous aider d’un sou ; l’entretien de Bernard, je veux bien y contribuer, mais, ses études, je n’ai pas d’argent pour ça. D’ailleurs, si vous voulez mon avis, il serait temps de le mettre en apprentissage ; s’il veut être comptable, il ne manque pas de maisons de commerce qui le prendront aux écritures et même lui donneront un petit quelque chose qui nous aidera à l’habiller et à le nourrir. Si tu veux être tailleur ou menuisier, ajouta-t-il en se tournant vers Bernard, c’est encore plus commode. Maintenant, si tu vises plus haut, rien ne t’empêchera d’étudier tout seul sur des livres en dehors des heures d’atelier ou de bureau. Mais est-ce que tu as seulement