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LA JEUNESSE DE RABEVEL

vieille et ridicule avec un gosse de quatorze ans : c’est des embêtements.

Bernard sortit, ravalant ses larmes.

— C’est pas tout ça, continua Noë. Je lui ai demandé si, tout de même, elle n’avait pas quelque chose dans le remontoir qui lui battait en parlant du loupiot. Alors elle m’a lâché que ce gosse avait été le malheur de sa vie, que, d’ailleurs, elle n’en connaissant pas le père, qu’il avait empêché son mariage quand Pierre était mort. Heureusement encore que ce croquant n’avait pas moisi, que…

Catherine éclata :

— Une ordure, je vous dis, une ordure…

Elle se tut ; Bernard rentrait et on comprit qu’il n’était sorti que pour entendre.

À ce moment des voix résonnèrent sur le palier : c’étaient M. Lazare et le frère Valier qui se faisaient des politesses avec une secrète et souriante animosité.

— Vous tombez bien, leur dit Catherine en ouvrant la porte, vos avis ne seront pas de trop ; vous allez prendre le café avec nous ; justement on est en train de décider ce qu’on va faire de Bernard.

— Il y a bien longtemps que cette question me tracasse, dit Lazare, quand il se fut assis ; je ne puis plus, naturellement, m’occuper de Bernard ; je lui ai appris tout ce qu’on apprend dans mon école et les classes me prennent trop de temps pour que je puisse songer à lui donner des leçons ;