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LE MAL DES ARDENTS

— Et puis, dit-il, on veut me faire confesser, communier, repentir. Tous disent que c’est des blagues de curé et voilà que la grand’mère passe son temps à m’embêter avec ces bondieuseries.

Abraham répondit gravement que ses parents croyaient qu’il y avait un bon Dieu ; et que lui le croyait aussi ; d’ailleurs Bernard n’était-il pas toujours le meilleur élève du catéchisme ? Mais Bernard sourit : s’il était le premier au catéchisme, c’était uniquement pour être premier une fois de plus ; autrement, tout ça ne l’intéressait pas.

Cependant, par la porte entr’ouverte sur la cuisine, la voix des adolescents parvenait aux parents assemblés autour du feu. Ils se taisaient ; ils écoutèrent jusqu’à la fin leur conversation et, lorsque le petit Blinkine parti, Catherine le rappela sur le palier pour l’embrasser. Puis se retournant vers son mari :

— Voilà, dit-elle en croisant les bras, voilà le résultat. Tu l’as entendu parler ce petit Bernard qui ne dit jamais rien que pour poser des questions ou nous envoyer coucher. Tu comprends maintenant pourquoi il est comme il est ?

— Il est comme il est parce que c’est son tempérament ; c’est un gosse qui est ardent, il a du vif-argent dans les veines ; il n’y a rien à faire là contre.

— Oui, tu crois ça ?

— Eh ! tu as bien vu ce qu’ils ont pu faire tes curés ? Il les a écoutés docilement, il était leur meilleur élève, c’est lui qui récitait le mieux les mômeries. Résultat : tu