Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome I (1923, NRF).djvu/207

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
205
LA JEUNESSE DE RABEVEL

— Mais non, fit Bernard d’un ton sincère. Je n’ai même pas la majorité dans l’assemblée.

— Je pense bien ! mais sans posséder de terrain, sans mettre un sou, vous avez plus de parts que n’importe qui !

— Bah ! à nous deux nous ferions la majorité, c’est entendu, mais aussi que peut-on faire sans moi ? Rien.

— Et si nous laissions tout ça là ?

— Trop tard, cher Monsieur, car maintenant moi, je veux les terrains communaux, avec vous ou sans vous ; et je les aurai.

— Vous êtes irrésistible, mon fils ! dit comiquement Mr. Orsat parodiant la Sibylle. Maintenant concluons : demain, rendez-vous chez Maître Bourdoufle pour la passation de l’acte de société. Faites le nécessaire pour le Conseil Général. D’ici six semaines tout cela peut marcher, n’est-ce pas ?

— Oui. Mais à condition que dès à présent nos services s’organisent. Inutile de tirer de l’asphalte s’il n’est pas déjà vendu. Je vais voir vos bureaux et réorganiser vos services. Il va sans dire que j’entends tailler et rogner à ma guise et en particulier éliminer tous les protégés de ces Messieurs du Syndicat.

— Il vous faudra beaucoup de dureté de cœur ; car ils sont tous bien gentils.

— Je n’en doute pas.

— Maintenant que nous voilà d’accord, allons déjeuner.