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LA JEUNESSE DE RABEVEL

le Syndicat et je vous amène ma Société ; vous me faites ma part et celle de la Société ; vous comprenez ?

— Pas très bien. Je comprends parfaitement que vous désiriez être un gros personnage mais, votre valeur personnelle mise à part, nous n’avons pas besoin de vous, nous n’avons besoin que de votre Société.

— Erreur ! grosse erreur ! vous avez besoin de celui qui exploite les asphaltières de Cantaoussel et de celui qui a les marchés de l’État. Or les conventions renouvelées et les marchés sont à mon nom.

— Vous avez fait cela ?

— Sans doute.

— Et qu’en a dit votre Société ?

— Elle ne le sait pas encore ; quand elle le saura, elle s’inclinera et partagera avec moi ; si elle ne s’incline pas je la mets à la porte. Elle intentera un procès qui durera vingt ans ; d’ici là j’aurai fait ma fortune.

— Mais vous exploitez avec son argent

— Bien sûr.

— Et si elle se retire en vous réclamant des comptes ?

— Avant ce moment j’aurai touché mon premier mandatement qui représente un fonds de roulement suffisant.

— Tout cela est évidemment bien combiné. Que pensez-vous que décidera votre Société ?

— Elle acceptera. Car si elle accepte nous gagnons 20 % sur la commande d’un million soit cent mille francs pour chacun ; si elle refuse, j’ai deux cent mille francs pour moi.