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LA JEUNESSE DE RABEVEL

mais serré aux tempes, froncé près des sourcils sur une arête coupante et dure.

— Il est fait pour tout comprendre, ce petit, dit-il au jeune homme à voix basse.

— Pour ça, c’est sûr ; reste le caractère ; et là, dame, je vous assure qu’il n’est pas de droit fil.

— Ah ? fit le maître pensif.

— Et puis, comment vous dire ? Ce gosse là c’est presque effrayant comme il ne pense qu’au sérieux. Il a tout le temps l’air de faire des expériences. Il va, il vient, mais toujours il calcule et il vous a des réflexions qui vous tournent quartier. Plus de nœuds que de bois sain je vous dis.

— À quoi paraît-il plus particulièrement s’intéresser ? À quoi songe-t-il ?

— Difficile à dire, pour moi qui ne réfléchis pas à vos affaires d’esprit. Mais enfin, je ne mentirai pas, au moins que je croie, si je vous disais qu’il me fait l’effet de ne pas guère penser à autre chose qu’au profit ; au profit et aux moyens d’avoir du profit.

Le père Lazare qui regardait l’enfant releva la tête :

— Que c’est grave, que c’est grave… Il faut que j’y songe à tout cela. Mais attends encore. Je vais maintenant m’occuper de tout ce petit monde. En attendant, installe l’enfant à quelqu’une de ces tables, n’importe où ; le rang est provisoire.

Il quitta le jeune homme ; dans le groupe des parents