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LA JEUNESSE DE RABEVEL

Brusquement entré, il se vit en face de deux êtres nus, et, délibérément, se jeta sur le mâle. Toute sa jeune puissance inentamée, sa vigueur vierge se décuplait du désir de la femme. Il empoigna l’homme au cou, l’attira au sol et sonna de sa tête à plusieurs reprises sur les carreaux avec une rage qu’il ne s’expliquait même pas ; il entendait haleter la femme immobile derrière lui ; l’autre ne bougeait plus. Il crut tout d’un coup l’avoir tué et sua mais l’homme reprenait ses sens ; il lui mit ses hardes sur les bras, le dressa debout, le porta presque jusqu’à la porte de l’escalier de secours et d’une bourrade le précipita dans le limaçon. Il referma la lourde porte derrière lui, poussa le verrou et revint à la chambre où la femme hébétée, toute nue, restait assise sur le bord du matelas. Il observa que ce n’était pas la même servante qu’auparavant mais qu’elle était jeune et désirable, « Couche-toi donc », lui dit-il. Elle le regarda craintivement et s’étendit, retenant son souffle. Mais lui, d’une voix rauque :

— « Allons, fais-moi place. »

Elle le regarda de nouveau, le trouva beau et fort, sourit un peu et se poussa vers le mur. Alors il acheva de se dévêtir et s’allongea auprès d’elle.