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LE FINANCIER RABEVEL

paroissiens comme vos patrons. Je ne vous cache pas que je divorcerais bien si je pouvais.

Il regarda un instant Rabevel et reprit :

— Vous devez vous étonner de ma franchise ; j’aurais été moins sincère il y a quelques années. À cette époque votre maison me tenait serré ; mais, depuis, je ne vois plus la procuration de la veuve Boynet aux Assemblées générales : ces messieurs l’oublient toujours ; on ne dépose plus ces titres ; ça ne va peut-être pas très bien avec elle, vous comprenez ? Alors si ce paquet s’abstient, mon paquet acquiert sans doute quelque indépendance… Je ne sais pas si je me fais bien comprendre…

Bernard sourit et demanda ce qu’était cette veuve Buynet.

— À vrai dire, je n’en sais rien. Elle a hérité ces titres d’un de ses parents qui était très lié avec Blinkine. C’est celui-ci qui l’avait fait souscrire. Elle vit, je crois, fort retirée dans un petit village, Saint Circq, sur les bords du Lot.

Le jeune homme pensa aussitôt qu’il était urgent de connaître « la bonne femme ». — « Et moi, songea-t-il, qui voulais aller de ce côté avec Angèle ! Tout cela s’arrange fort bien ». Il demanda :

— Comment savez-vous que votre veuve Boynet habite Saint Circq ?

— Par le libellé de ses pouvoirs. D’ailleurs un de mes amis qui était allé pêcher le gardon pendant une quinzaine