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LE FINANCIER RABEVEL

ne possédez de bon que les actions Bordes et encore que valent-elles, c’est le secret de l’avenir ; elles ne sont même plus cotées en Bourse ! Au dernier cours coté de 150 frs, votre paquet représente quinze mille francs environ. Que désirez-vous ?

— Je désire vivre sans demander d’argent.

— Que vous faut-il ?

— Vingt mille francs par an.

— Fûû ! mazette, vous allez fort, vous !

— Si vous ne me les donnez pas, il faudra bien que je les trouve. Si vous me les donnez je vous abandonne tous ces titres…

— …dont vous ne sauriez d’ailleurs rien faire…

Il supputa mentalement la valeur des titres : « Les actions Bordes vaudront de nouveau quatre mille francs l’an prochain et rapporteront les vingt mille francs demandés. Le reste contient du bon, du mauvais et du douteux qui peut donner zéro ou devenir extraordinaire. Il faut accepter ; d’ailleurs, tout plutôt que de voir reparaître la mère Mulot en Farnésina ».

— Eh bien ! conclut-il à voix haute, je vais préparer le contrat.

Ainsi peu à peu la vie s’organisait, prenait sa figure nouvelle. Les années allaient se suivre toutes semblables. Bernard les devait vivre tout entier pris dans la fièvre du travail et de l’élaboration de sa fortune. Rien ne comptait désormais pour lui que les combinaisons des affaires. Il