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LE MAL DES ARDENTS

L’étude des dossiers devait l’occuper plus longtemps qu’il ne l’avait prévu. Il constata aussi que la présence de sa mère lui était nécessaire pour compléter les renseignements quelquefois fort succints que lui donnaient les documents. Froide et calculatrice, la Farnésina avait beaucoup retenu. Il en vint à l’interroger plus qu’il n’avait l’intention de le faire d’abord. La rapidité avec laquelle elle le comprenait le frappa. Habile, elle-même sut lui témoigner une admiration qui le flattait. Leurs relations qui ne seraient jamais devenues affectueuses furent tout de même peu à peu adoucies et même agréables. Un soir, Reine, passant au bureau de son mari, y trouva la veuve et elles entrèrent en conversation. Assez contrainte d’abord, cette conversation prit bientôt un tour plus aisé ; Reine sentait dans sa belle-mère une expérience des hommes et de la vie qui l’étonnait (elle n’en pouvait heureusement deviner la cause). Comme elle disait :

— Ne trouvez-vous pas que Bernard travaille trop ?

— Souhaitez qu’il en soit toujours ainsi, répondit la mère, à de telles natures il faut de tels travaux ; craignez pour lui le désœuvrement. »

Bernard fut frappé de cette réflexion : « Dit-elle vrai ? » se demanda-t-il.

Au bout de quelques jours, quand il eut enfin terminé son dépouillement, il en arriva aux conclusions :

— Voyons, dit-il à sa mère, finissons-en. Il n’y a pas beaucoup d’argent à tirer de tout cela. En somme, vous