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LE MAL DES ARDENTS

le plus gros ennui. Nous allons déposer une plainte dès aujourd’hui.

— Attendez encore trois jours, je vous en conjure », supplia Blinkine. Tous deux insistèrent tant et si bien que l’homme accepta. Il fallut repartir pour Clermont, continuer de gravir le calvaire, s’incliner devant le Préfet, devant Touffe, devant Bernard. Quand ils eurent achevé leurs arrangements, ils étaient ruinés. Rabevel faisait payer son silence, se couvrait avec les titres qu’ils possédaient dans diverses sociétés où ils leur assuraient la majorité ; en somme, il se substituait à eux dans la plupart de leurs conseils d’administration. Quand il en eut fini avec eux, il alla aux Chantiers de l’Atlantique, réclamer son argent.

— Nous allons porter plainte contre Bordes et Cie, lui dirent ces gens.

— Cela ne me donne pas mon argent. Écoutez, sachez raisonner, je saurai raisonner moi-même. J’achète votre créance au prix de douze cent mille francs et tout est dit. Si vous acceptez, tout est fini, pas de scandale, rien. Si vous refusez, je vous poursuis : scandale, baisse des titres, vous-mêmes administrateurs dégommés, votre situation compromise. De plus, vous aurez beau vous retourner contre Bordes, qu’aurez-vous ? Rien, la faillite. Alors ?

Ils se mirent d’accord à quinze cent mille francs. Le jour de l’assemblée extraordinaire arrivait. Bordes reçut tout affolé le jeune homme. Il venait d’apprendre que Blinkine avait été enfermé la veille dans une maison de