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LE FINANCIER RABEVEL

cette heure-là et je peux vous le prouver. Mais si vous ne mentez pas vous-mêmes vous avez été indignement joués ! Ce Ranquillos en qui j’avais toute confiance serait une fripouille ! Pour ma part, je puis vous dire que j’hésite à le croire ; vous venez ici accabler un absent en route pour le Vénézuela ; vous n’apportez aucune preuve, rien, rien.

C’était trop évident. Les deux hommes baissèrent la tête. La catastrophe s’accomplissait. Personne ne les croirait, ni ce Sernola, ni Bordes, ni Rabevel. La peur de la prison les secoua.

À leur bureau, le fondé de pouvoirs des Chantiers de l’Atlantique les attendait. Il leur remit un papier sans dire un mot ; c’était une lettre de Bernard datée de Clermont (« elle a voyagé avec nous, se dit Mulot, ce garçon ne perd pas de temps »).

« Monsieur, disait la lettre, je suis informé que vous avez été couverts d’une somme de six cent mille francs par Mrs Blinkine et Mulot dont cent mille espèces, et cinq cent mille en titres de Rente portant les numéros… Si vous voulez bien vous reporter au bulletin spécial des oppositions en date du 12 Avril vous y trouverez ces numéros. Ces titres m’ont en effet été volés. Je vous prie de faire dès à présent le nécessaire pour m’en opérer le retour ».

Le silence des deux hommes était éloquent. Le visiteur n’insista pas. Il se contenta de dire :

— Nous avons mobilisé déjà tous ces titres en nantissements et fait le remploi des fonds. Cette affaire nous cause