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LE FINANCIER RABEVEL

nombre et d’en prendre les numéros pour collationner ceux-ci avec la liste qu’il en avait lui-même dressée. Je m’installai dans le hall, à une table et procédai à mon travail. Le nombre des titres était juste ; je remis ces papiers dans ma serviette que je laissai sur la table et je me retournai vers le guichet qui était exactement derrière moi, à deux pas. Je collationnai les numéros avec l’employé ; puis, je restai à bavarder quelques instants avec le fondé de pouvoirs de la Banque qui est un de mes amis personnels. À un moment donné l’employé me dit : « Vous laissez votre serviette sur la table ; ce n’est pas prudent ; voyez, il y a pas mal de monde dans le hall ». — « Vous avez raison », répondis-je et, me retournant, je pris la serviette et la mis à côté de moi sur la tablette du guichet. J’allais m’en aller quelques instants après quand le chef du service des comptes-courants m’ayant aperçu me demanda de venir régler avec lui quelques détails. C’est en prenant de nouveau la serviette que je crus remarquer sur les plis de celle-ci des traces jaunes d’usure : « Tiens, dis-je, mon portefeuille s’éraille. » L’examinant plus attentivement, je fus surpris de ne pas reconnaître ma serviette : la couleur était légèrement différente, le grain n’était pas le même, les dimensions me paraissaient autres. C’est à ce moment-là seulement que je soupçonnai le vol. Et, en effet, ayant ouvert le portefeuille je vis qu’il ne contenait que de vieux journaux. La chose a été faite si adroitement que ni l’employé ni moi-même n’avons compris comment elle a pu se faire