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LE MAL DES ARDENTS

rendez-vous pour l’après-midi à l’administrateur-délégué « afin d’échanger les signatures et verser les six cent mille francs prévus au contrat » et rentrèrent chez eux : « En somme ce Sernola et son Ranquillos, se disaient-ils, voulaient tout simplement le pot-de-vin de trois cents billets. Ils vont fort tout de même, du 15 % ! »

Une émotion les attendait à leur bureau. Le Señor Ranquillos qui venait d’arriver s’écria à leur entrée :

— Encore un contre-temps fâcheux ! Je crois qu’il va falloir remettre la signature à une huitaine,

— Comment ? s’écriaient-ils.

— Oui. Je viens de notre banque et j’ai constaté que, par suite d’un oubli, nos banquiers ont négligé de procéder à la vente des huit cent mille francs de titres que nous avions ordonnée depuis une quinzaine. Il n’y a donc pas moyen de vous donner la somme.

Les deux acolytes s’affolaient. Le Département, les Chantiers, l’Assemblée de fin de mois les pressaient comme des êtres vivants. Mulot se remit le premier.

— Quels titres avez-vous donc ?

— C’est de la Rente Française. Mais il faut bien compter une huitaine pour négocier un pareil paquet.

— De la Rente ! mais nous la prenons telle quelle votre Rente, au cours du Jour », dit Blinkine rasséréné. Il savait que les paiements au Département se peuvent faire légalement en titres de rente, pris au cours du jour. Et sûrement les Chantiers accepteraient aussi ce mode de paiement.