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LE FINANCIER RABEVEL

membres du Conseil que MM. Blinkine et Mulot me sauront gré de ne pas nommer, et enfin l’inertie de vos services. Je ne vois chez vous aucune initiative apparaître pour redonner à votre société le rang qu’elle avait auparavant.

— Votre critique tombe tout à fait à faux en ce qui concerne tout au moins le dernier point ; j’allais justement entretenir votre assemblée de nos nouveaux projets. Ces messieurs à qui vous venez de contester si acerbement quelques gratifications qui ne représentent guère que leurs débours, ont mis sur pied une magnifique combinaison que nous allons faire connaître à votre assemblée. Elle consiste à remplacer dix de nos voiliers du type Tourny par deux vapeurs faisant ensemble un tonnage sensiblement égal au tonnage total de ces voiliers ; et cela sans bourse délier. Voici comment : une compagnie sud-américaine, dont vous me permettrez de taire le nom pour l’instant, nous a proposé l’achat de ces dix voiliers et nous sommes d’accord, prêts à conclure au prix inespéré de deux millions.

— Très bien, dit Bernard sarcastique, mais que sont ces gens là ? Ce prix mirifique vous sera-t-il payé ?

— Permettez, dit Blinkine, nous ne sommes pas des enfants, et nous n’avons pas de leçons à recevoir de petits jeunes gens. Nous avons pris nos renseignements et d’ailleurs nous exigeons près de la moitié du prix comptant, le privilège du vendeur nous couvrant largement pour le surplus. Que voulez-vous de mieux ?