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LE MAL DES ARDENTS

plus précipitée, un abaissement de 40 % des profits sur le bilan de l’an passé, qui lui-même accusait une baisse de 30 % sur le précédent, serait déjà fort attristant malgré l’euphémisme présidentiel du « léger fléchissement des bénéfices » ; mais ce bilan lui-même est truqué. Voyez en effet au poste Matériel figurer la somme de seize cent mille francs ; l’an passé, le même poste ne portait qu’un million…

— L’honorable actionnaire ignore sans doute que nous avons acheté pour six cent mille francs de matériel neuf cette année, dit Bordes.

— Je ne l’ignore point. Je conclus simplement que, primo vous ne prévoyez aucun amortissement cette année pour une partie de ce matériel, secundo que vous ne prévoyez aucun amortissement pour le matériel ancien. L’an passé, vous aviez acheté pour huit cent mille francs de matériel mais vous en aviez amorti immédiatement deux cent mille. Et vous amortissiez également pour deux cent mille francs d’ancien matériel. Donc, à la différence entre les bénéfices de l’an passé et ceux de cette année il faut ajouter 400.000 francs, ce qui indique une baisse réelle de 60 % sur les bénéfices au lieu de la proportion apparente et mensongère qui semblerait résulter, à première lecture, de la comparaison des bilans. Il est impossible à un honnête homme d’accorder sa confiance à un Conseil capable de nous offrir des bilans si fallacieux.

— Monsieur, dit Blinkine, le Conseil ne vous a pas induit à établir des pourcentages ; il n’a pas jugé bon de