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LE FINANCIER RABEVEL

se traîne de la cuisine à la chambre les jours où le temps est à la pluie. Il faudra qu’Angèle la remplace, se mette à ces choses ; si je continuais à vouloir m’en occuper je ne pourrais plus sortir avec les valets, le travail s’en ressentirait vite.

— Je vous vois bien dans ce rôle de commandante en chef, dit Bernard à la jeune femme.

— Bien sûr ; cela me distraira d’ailleurs, répondit-elle.

Les deux hommes descendirent au village tandis qu’elle entrait à la maison ; Bernard voulait acheter le vin vieux qu’il avait promis aux valets. Comme ils circulaient dans les ruelles, Mauléon dit tout à coup :

— Votre idée me travaille, vous savez.

— Quelle idée ? répondit le jeune homme feignant la surprise.

— Celle du moulin, de l’électricité, des terrains.

— Ah ! oui. Il ne faut plus y penser puisque vous n’avez pas les moyens de la réaliser. Moi, quand je vois, dans une chose qui me tient au cœur, que je ne pourrai arriver à ce que je désire, je fais une croix sur cette chose ; je n’y songe plus.

— Vous pouvez faire ça ? vous êtes bien heureux.

— Affaire de volonté. Une occasion perdue, cent de retrouvées. Allez, parlons d’autre chose et ne vous inquiétez plus de moulin ni de jardin. Vos compatriotes continueront de s’éclairer au pétrole et leurs terrains de boire quand il