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LE MAL DES ARDENTS

— N’est-ce pas, dit-il, on ne se lasserait pas de contempler ce panorama ?

— Oui, ce pays est bien beau.

— Et il n’est pas mauvais, je vous le disais tout à l’heure, tout le côteau est excellent ; dur à travailler, dame ! la plaine serait bonne aussi, tout le coin que vous voyez, là, au bout de mon doigt, c’est de la terre à jardin. Seulement c’est l’eau qui manque, c’est l’eau.

— Mais, dit Bernard en riant et en montrant le cours rapide du Viaur, il y en a assez là-bas, je crois.

— Vous voulez rire, Monsieur. Oui, une partie du pays est inculte faute d’eau. Si je vous disais que nous sommes obligés d’acheter beaucoup de nos légumes ? et qu’il vient des jardiniers depuis Lescure près d’Albi jusqu’ici pour nous les vendre très cher ?

— Mais, tenez, voilà une affaire, achetez cette terre à jardin qui ne doit pas valoir grand’chose et arrosez-là.

— Je croyais que le site vous empêchait de penser aux affaires, dit finement Mauléon.

— Le vent a tourné, vous voyez. D’ailleurs c’est une affaire pour vous et non pour moi, cela.

— Oui ; aller chercher l’eau au Viaur avec un arrosoir ou un tonneau à roues ; c’est pas mal imaginé. Ne vous moquez donc pas, Monsieur Rabevel.

— Est-ce que ce moulin tourne, là-bas ? demanda Bernard.

— Guère plus ; il y a trois moulins à peu de