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LE FINANCIER RABEVEL

piaillaient sur les remparts ; les abeilles d’un rucher voisin se dégourdissaient déjà et montaient jusqu’à eux, portées par le vent ; les premiers martinets passaient en criant de joie. On entendait le métier proche du tisserand.

— Ah ! on oublierait les affaires, dit Bernard avec conviction. Les temps bibliques… Plus de souci d’argent, d’ambitions, de combinaisons utilitaires. La paix du cœur.

Il comprenait tout à fait à présent pourquoi le Père Régard avait voulu qu’il vint jusque là. Le Père désirait que s’imposât à l’amant le souvenir simple et candide de la maîtresse rachetée de ses fautes, vivant dans la tranquillité du cœur et des sens, dans une pureté qu’il n’oserait plus troubler.

— Oui, se répéta-t-il, plus de péché, plus d’ambition… Oui. » Il la regarda : Qu’elle était belle ! « Oui… mais la perdre… ou mener une vie misérable et gênée… Plus d’Angèle ou plus d’ambition, de lucre, de combinaisons, d’intérêts… » Le jour allait venir où il ne la verrait plus !… Mauléon s’était détourné, examinant une tuile cassée de sa toiture. Bernard sentit qu’Angèle le regardait : « Tout de même, dit-il à voix basse en relevant les yeux sur cette chair bien-aimée, te perdre ! » Elle était faible aussi, baissa les paupières en silence. Et lui songeait : comment revenir, comment la garder, comment la reprendre ? Mauléon était retourné auprès d’eux.