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LE MAL DES ARDENTS

le préparer en somme largement pour le métier de Capitaine au long cours tout en réservant l’avenir par une instruction classique qui lui permit de choisir une autre carrière s’il s’y décidait.

— Il n’y a rien à faire, dit François, buté. Rien. L’enfant partira avec moi.

— Sois donc raisonnable, reprit Blinkine. Nous mettrons l’enfant au collège de St Joseph de Rodez qui est très bon, pour…

— Oui. Vous le dégoûterez de la mer. Vous me donnerez à dix-huit ans un et monsieur incapable de faire quoi que ce soit, qui choisira le droit ou la médecine et que je devrai entretenir de ma sueur toute ma vie, avocat sans causes où médecin sans pratiques. À moins qu’il ne devienne receveur ou rat-de-cave ou percepteur. Non, merci, mon vieux. Que ma femme ait des idées comme celles-là, elle est excusable, mais un homme !

— Alors tu veux me séparer de mon fils, s’écria Angèle d’un accent tragique. Tu veux me rendre malheureuse pour le reste de mes jours ?

— J’aurais peut-être une solution qui contenterait tout le monde, dit Rabevel doucement. L’enfant est très intelligent, bon et travailleur ; cela est incontestable. Je propose de le prendre à Paris où je surveillerai moi-même ses études et les dirigerai dans le sens voulu pour qu’à vingt ans il puisse entrer dans ma flotte auprès de son père et devenir Capitaine au bout d’un ou deux ans, ou bien, si