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LE MAL DES ARDENTS

tortiller ; c’est des étrangers qui ne sont pas d’ici. On a pas besoin d’eux.

— Vous, vous n’avez pas besoin d’eux, répliqua doucement Rabevel ; moi, j’en ai besoin. Le Syndicat Agricole du Morbihan, suivant une combinaison financière opérée avec son Département et approuvée par l’État, envoie des familles, d’ailleurs choisies parmi les meilleures au point de vue de la moralité, dans les départements plus riches et moins peuplés…

— Oui, dit un autre, j’ai un de mes amis qui a fait son temps avec moi et qui est du Gers ; il paraît qu’il en est déjà arrivé là-bas de ces Bretons.

— Ce Syndicat m’offre des prix avantageux, je serais trop bête de refuser ; n’est-ce pas votre avis ?

— Dame, oui, répondit Joindou. Mais, tout de même, nous autres, vos créanciers, nous vous avons aidés au moment où ça n’allait pas fort. Maintenant vous nous virez l’échine. Il me semble, quand même, que, du monde comme il faut, il serait un peu plus de reconnaissance, en parlant par respect.

— Écoutez, fit Bernard d’un air embarrassé, moi, je vous ai proposé tout à l’heure une combinaison que je trouve avantageuse pour vous ; je ne sais pas ce que vous voulez de plus.

— Eh ! pardieu ! s’écria Joindou, ce que nous voulons c’est rester entre caussenards ; on a pas besoin de monde d’autre pays.