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LE MAL DES ARDENTS

— Qui ? la Compagnie Carrézas ? Pas du tout.

— Je lui ai adressé une lettre recommandée lui faisant connaître que j’étais chargé de vos intérêts et que je la priais de nous envoyer aujourd’hui à deux heures un représentant muni de pleins pouvoirs.

— Je n’ai vu personne.

— Eh bien ! attendons. Je crois que je vais pouvoir vous sauver ; je n’en suis pas sûr : Cela peut être la prospérité ou la faillite ; il n’y a pas de milieu. Mais pour vous montrer mon dévouement je vous propose l’association. Lisez ce projet… Il vous plaît, hein ? Oh ! ne me remerciez pas, j’ai l’air de vous faire des cadeaux là-dedans mais j’espère bien que la Cie Carrézas les payera. Alors nous signons ? Oui. Eh bien ! maintenant si nous allions prendre l’apéritif ? je meurs de soif.

— Mais, s’écria la tante Rose d’un ton désolé, il va être midi, le déjeuner est presque à point. Ne sortez pas, je vous en prie. Tenez, nous avons du quinquina ici ; mettez-vous là et prenez votre apéritif dans la maison.

— Ah ! ces cuisinières ! dit Mauléon.

Ils s’assirent ; Mauléon annonça à Rabevel que les créanciers avaient été convoqués comme il l’avait demandé pour six heures, il donna des détails que Bernard écoutait distraitement en fumant sa cigarette, le regard fixé sur Angèle qui préparait les hors-d’œuvre sur une table, lui tournant le dos. Elle s’était vêtue simplement ; une blouse à peine échancrée aux épaules ne livrait d’elle qu’un triangle