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LA FIN DE RABEVEL

vertu et de l’orgueil vaincus et à la souveraineté triomphante de l’abandon.

Aux premiers jours du mois d’Août, Mauléon reçut une lettre de Rabevel. Le financier lui soumettait un résumé de l’affaire du moulin telle qu’il l’avait comprise et, après lui avoir demandé de relever les omissions ou les erreurs qui auraient pu se glisser dans l’exposé, le priait de répondre à un certain nombre de questions qui concernaient une multitude de détails dont l’importance lui était apparue à la réflexion. Le bonhomme fut enthousiasmé de la clarté et de la précision de l’exposé ; mais il dut prier Angèle de l’aider pour la rédaction de la réponse. Après avoir en vain sué sang et eau sur ses brouillons, il finit par obtenir qu’elle écrivit elle-même directement à Bernard. Elle ne le fit pas sans répugnance et tint à ne paraître avoir joué que le rôle d’un scribe sous la dictée de son père. Mais Bernard ne s’y méprit pas et lui adressa de sa main un billet de remerciements et d’éloges qu’elle ne cessait de relire en cachette et finit par enfermer dans un sachet sur son cœur comme une lettre d’amour. Son anxiété engendrant sans cesse de tels élans et de telles terreurs contradictoires ne fit que croître pendant tout le mois, puis, sans raison apparente, au moment même où le péril s’approchait à grands pas, elle disparut. Ce fut une période d’immense soulagement, de surprise et aussi, un peu, de déception. Elle se raconta naïvement à son confesseur qui, après l’avoir pressée de questions, finit par se convaincre de la