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LA FIN DE RABEVEL

pas me parler de vous. Il avait consenti à me faire connaître ce qui vous arriverait d’important : mais il est toujours resté muet. Seul le père Budel me parlait de vous.

Elle appuya sa tête sur son épaule avec un geste qu’il aimait et qui le bouleversa.

— Puis la guerre est arrivée. Marc n’a plus donné signe de vie. Qu’étiez-vous devenu ? Je lisais l’Illustration toutes les semaines avec fièvre, certaine que je vous y trouverais un jour. Tenez, regardez…

De son réticule, elle tira une phototypie dans un petit cadre.

— Oui, lui dit-il, mon médecin avait en effet envoyé une photographie à l’Illustration.

— Ah ! mon Olivier, quand j’ai vu cette photographie, votre front bandé, puis dessous ces citations. Ah ! le cœur me battait, le cœur me battait. Rien que d’y songer : mettez votre main.

Ce geste adorable encore reconnu.

Elle lui disait :

— Tendez la main à mon cœur ; il saute après, voyez-vous ?

Ils se rappelaient avec un sourire.

— Mais je parle, dit-elle.

— Continuez.

— J’ai vainement demandé votre adresse à L’Illustration.

On m’a donné celle de l’expéditeur, le major Darnet. Je lui ai écrit, mais la lettre est restée sans réponse.