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LA FIN DE RABEVEL

Peut-être, Madame de Villarais, me permettrez-vous de constater qu’ils font progresser l’intimité ?

À Madame de Villarais, qui acquiesçait avec un joli sourire, Rabevel offrait son bras. Ils passèrent dans un petit salon.

— Oui, poursuivait Rahevel, l’idéalisme et le réalisme se partagent ma vie et je ne sais lequel triomphera. Cependant, si je m’évade un jour de la matière pour nager dans l’éther, qu’on n’envoie pas Vatel pour me tenter car…

— Car ?…

— Car je succomberais. Je m’avoue gourmet ; vous dites sensuel : j’en bats ma coulpe. Croyez cependant qu’il se mêle au plaisir du palais une jouissance intellectuelle… si ! si ! intellectuelle…

« L’excitation physique des riches venaisons et des vins généreux a une résultante dans le monde moral. L’ivresse en est la preuve excessive. Indépendamment de cela, convenez que le Français ne serait point gai, spirituel et brave au même degré, s’il ne vivait des produits de la terre de France.

« Acceptez, Madame, deux doigts de ce vieil armagnac et faites hardiment claquer votre langue. C’est ainsi que l’apprécient les tonneliers de la Gascogne ! c’est ainsi que le dégustaient Cyrano de Bergerac, Murat et Bernadotte, capdedious |

— Quel beau destin que le leur, dit Madame de Villarais. Ils ont réussi une vie d’action et de rêve à la fois. Ils ont