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LA FIN DE RABEVEL

— Excusez-moi ; je ne me surveillais pas. Vous ressemblez tellement à une jeune femme pour qui j’ai eu une très grande inclination. Elle s’appelait Viviane.

— Viviane, vous avez dit Viviane ? Vous avez aimé Viviane ?

— À la folie.

Elle se laissa aller, il craignit de la voir s’évanouir, vint auprès d’elle, lui prit les mains tandis qu’elle s’appuyait, inerte. Enfin, elle rouvrit les yeux.

— Viviane, dites-vous ? Et elle me ressemblait tant que cela ?…

— D’une façon extraordinaire…

La chair de la femme le touchait, le parfum capiteux le troublait ; il vit un signe au coin de l’oreille comme en avait un Viviane (plus petit pourtant). Il ne put se tenir de le dire :

— Tenez, elle avait un petit signe comme vous, là,

— Où, là ?

— « Tant pis, se dit-il, gare au soufflet ». Et il l’embrassa longuement. Elle voulut lui échapper, se détourner mais elle le fit si maladroitement qu’il rencontra ses lèvres. Elle le mordit ; lui, déchaîné, la serra plus fort et finalement elle céda gémissante et confuse.

Il s’en fut satisfait. Elle l’aimait, elle lui avait avoué qu’elle l’aimait depuis des années, depuis qu’elle l’avait vu pour la première fois. Elle lui paraissait plus fougueuse encore que Viviane. Elle avait refusé de lui vendre les