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LA FIN DE RABEVEL

fallu. J’attendais. Quoi ? Rien. Je ne sais pas ; de ridicules et singulières idées de morale me retenaient au bord de l’action. J’ai voulu partager ta vie sans flammes, m’occuper aussi de l’enfant, distraire mes désirs de leur objet ; j’y ai vaguement réussi jusqu’à ua certain point. Maintenant Olivier devient un homme : il va vivre pour lui, sans qu’il lui soit besoin d’un guide…  Toi seule me restes, Angèle…

Elle demeurait muette d’une stupeur terrifiée.

— Toi seule, reprit-il… Souviens toi d’autrefois, de nos promenades au bord du Lot…

— Assez, dit-elle, assez. Tu ne vois donc pas que tu me fais horreur ?

— C’est donc ainsi ? s’écria-t-il, irrité de ce mépris. Eh ! bien, je te jure que tu seras mienne que je te fasse horreur ou non. Et si tu ne le veux pas c’est que l’exil de ton fils t’aura laissée indifférente.

Elle fut instantanément debout comme d’un jet :

— Lâche, lui dit-elle à voix basse, lâche ! Maître chanteur ! saligaud !…

— Ah ! te revoilà, hein ? tu rajeunis, ardente fille ? Qu’est-ce que tu donnerais pour pouvoir m’étrangler ! Eh bien ! je viendrai chez toi, tu m’étrangleras si tu veux… » Il rit d’un rire insultant. Elle regarda autour d’elle, ne vit personne, se pencha vers lui et lui cracha au visage.

De semblables aventures ne pouvaient que cravacher le désir d’un homme tel que Bernard. Lancé de nouveau à rènes flottantes sur le chemin de sa passion, il se jura