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LA FIN DE RABEVEL

faits ! Ah ! si je trouvais seulement un copain qui eût assez de cran pour tenter la chance !

— Tu parles sérieusement ? demanda Jobert en tremblant un peu.

— Écoute, reprit Resseguier plus bas, écoute… Mais cherchons d’abord un endroit plus sûr ».

Ayant terminé son récit, Marc se tourna vers Olivier :

— Qu’en penses-tu ? dit-il.

Olivier montra ce jeune sourire et ces yeux brillants qui témoignaient de son plaisir.

— C’est merveilleusement excitant, répondit-il. Enfin ! voilà deux petits gars qui n’ont pas peur. C’est bien, cela ; c’est digne de Français. Comme ils ont raison !

— Il faut que tu sois réellement inconscient pour parler de la sorte, s’écria Marc. Ne te rends-tu pas compte de ta responsabilité si une telle équipée a lieu ?

— En quoi suis-je responsable ? Mes camarades sont libres ; je ne les ai même pas conseillés ! et puis, que risquent-ils ? D’éprouver leur vocation ? De manger un peu de vache enragée ? De trimer pour gagner leur vie pendant un temps. Ce n’est rien, tout cela, auprès des compensations qui leur sont réservées !

— Mais quelles compensations, malheureux ?

— Comptes-tu pour rien la jouissance de la liberté ? Le plaisir des voyages, de la contemplation des spectacles toujours divers de la nature, de…

— De tout ce qui fait ton bonheur à toi, n’est-ce pas ?