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LA FIN DE RABEVEL

ses grands camarades. Une mélancolie qui lui était devenue habituelle depuis ses quinze ans et dont le motif demeurait une énigme l’auréolait d’un mystère nouveau. La période des examens approchait. Déjà les vieux internes débraillés et farouches commençaient à se procurer des bougies pour le travail nocturne et clandestin dans les salles désertes. La fièvre des concours créait ses habituelles alternatives d’énervement et de dépression. Seul, Olivier, que son impeccable mémoire mettait à l’abri de toute surprise, ne changeait pas ses habitudes et continuait à la fois son travail scolaire régulier et les études complémentaires par lesquelles Marc l’aidait à étendre chaque jour les possessions de son esprit. Pendant les récréations interminables où les pistons, les taupins, les flottards, pâlissaient sur leurs cours, sauvagement retirés dans les repaires les moins accessibles à la vigilance du pion, il leur rendait visite et amenait toujours sur ces pauvres visages surmenés ce sourire heureux qui témoignait de leur reconnaissance.

Un soir, Marc parut soucieux ; Olivier, d’ailleurs morose, respecta son silence qu’il attribuait à l’approche fatale du concours d’entrée à l’École Centrale. Mais, le lendemain, après le déjeuner, Marc lui déclara :

— J’ai quelque chose d’assez grave à t’apprendre, Olivier.

— Je t’écoute.

— J’ai surpris une conversation entre deux de nos cama-