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tue, mais une peinture : Vulcain amoureux la poursuit ; elle fuit, et c’est de cette poursuite que naît Érichthon.

28. « Le tableau qu’on trouve après représente aussi une ancienne fable. C’est Orion aveugle, portant sur ses épaules Cédalion qui le dirige du côté de la lumière.

29. « Le Soleil se lève, guérit la cécité d’Orion, et Vulcain assiste à cette scène de son Île de Lemnos[1].

30. « Plus loin, Ulysse contrefait l’insensé pour ne pas accompagner les Atrides dans leur expédition. Les ambassadeurs l’invitent à partir. Tous les détails de cette folie simulée sont parfaits, la charrue, la bizarrerie de l’attelage, l’ignorance de ce qui se passe : il est trahi par sa tendresse pour son petit enfant. Palamède, fils de Nauplias, soupçonnant la vérité, saisit Télémaque et menace de le tuer : il tient son épée nue, et oppose une fureur feinte à cette folie prétendue. Le péril de son fils rappelle Ulysse au bon sens, il redevient père et laisse de côté toute dissimulation.

31. « Médée est le sujet du dernier tableau. Elle paraît enflammée de jalousie, jette un regard sombre sur ses enfants et semble méditer quelque dessein terrible : elle tient déjà son épée : les deux pauvres petits sont devant elle ; ils rient et ne se doutent de rien, quoiqu’ils voient l’épée entre les mains de leur mère.

32. « Ne voyez-vous pas, citoyens juges, comme ces objets charment tous les auditeurs, comme ils attirent leurs yeux ! L’orateur va bientôt rester seul. Et cependant, si je vous parle ainsi, ce n’est pas pour que vous taxiez mon adversaire de témérité et d’audace, pour s’être jeté de lui-même dans une entreprise si périlleuse, ni pour que vous le condamniez avec un sentiment de haine et en l’abandonnant au milieu de son discours. Je veux, au contraire, que vous le secondiez de tout votre pouvoir, en fermant, s’il se peut, les yeux, afin de mieux l’entendre, et en songeant aux difficultés de sa tâche. Il lui serait, en effet, impossible, lors même qu’il ne vous aurait pas pour juges, mais pour alliés, de ne pas paraître au-dessous de cette magnifique demeure. Et si je vous fais cette demande pour un adversaire, n’en soyez pas surpris : l’amour que ce séjour m’inspire, me fait souhaiter que celui qui vient y parler, quel qu’il soit, y recueille des applaudissements. »

  1. On peut voir cette fable détaillée dans les Catastérismes d’Ératosthène, chap. xxxii.