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LES AMOURS.

ditatem digitis molliter percurrit, post hæc etiam primæ lanuginis in pube florem.

        Mais pourquoi dévoiler ces mystères secrets[1] ?

L’amour, trouvant l’occasion favorable, s’emporte à une entreprise plus hardie, et frappe enfin, pour parler avec le poëte comique[2], le but qu’il a visé.

[54] Voilà comment j’entends la philopédie. Que les rêveurs en l’air, que les soi-disant philosophes, qui froncent gravement le sourcil, repaissent les ignorants de leurs mots prétentieusement honnêtes. Socrate, qui se connaissait en amour aussi bien qu’un autre, reposa sous la même chlamyde qu’Alcibiade, qui ne se leva point franc de ses atteintes. N’en sois pas surpris. Achille n’aimait point Patrocle pour le seul plaisir de rester assis vis-à-vis de lui,

        Attendant qu’Éacide eût mis fin à ses chants[3].

Mais leur amitié se doublait par un plaisir commun. Aussi, lorsque Achille pleure la mort de Patrocle, sa douleur éclate avec l’accent de la vérité[4] :

        Quel commerce plus doux que tes embrassements ?

Et ceux que les Grecs appellent comastes[5] ne sont non plus que des amants de profession. Quelqu’un dira peut-être que tous ces discours ne sont guère honnêtes ; mais ils sont vrais, j’en jure par Vénus de Cnide !

Lycinus. Je ne souffrirai pas, mon cher Théomneste, que tu commences un troisième discours, dont je ne pourrais entendre que l’exorde durant ce jour de fête, sans que le reste parvint à mes oreilles. Laissons donc toutes ces paroles qui nous retardent ; rendons-nous à l’agora ; le moment approche où l’on va mettre le feu au bûcher d’Hercule. C’est un spectacle agréable, et qui nous rappelle les souffrances qu’il a endurées sur le mont Œta.


FIN DU PREMIER VOLUME.
  1. Euripide, Oreste, v. 14.
  2. Auteur inconnu.
  3. Iliade, IX, v. 191.
  4. Eschyle, Myrmidons, fragm. cxxi.
  5. Voy. Théocrite, Idylle III ; Bion, VIII, v. 4.