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DE L’ASTROLOGIE.

lieu des astres et s’élança vers les cieux, non sur les ailes d’un cheval, mais porté par son génie.

14. J’en dis autant de Phrixus, fils d’Athamas, qu’on représente traversant les airs sur un bélier d’or. Il en est de même de l’Athénien Dédale, dont l’histoire, quoique étrangère, se rattache pourtant à l’astrologie : il en connaissait parfaitement les secrets et les avait appris à son fils.

15. Seulement la jeunesse et l’imprudence d’Icare le portèrent à des recherches interdites à l’homme ; il s’éleva en esprit jusqu’au pôle, mais il fut précipité du haut de la vérité, jeté hors du bon sens, et noyé dans une mer d’erreurs sans limites. Les Grecs racontent autrement son aventure, et l’on a donné à un golfe le nom de mer Icarienne sans trop savoir pourquoi.

16. Peut-être Pasiphaé, ayant appris de Dédale à connaître le Taureau, qui brille au milieu des astres, s’éprit-elle de la science astrologique ; ce qui fit dire que Dédale lui avait fait épouser un taureau.

17. Quelques-uns, ayant divisé cette science en plusieurs parties, l’accrurent chacun de nouvelles découvertes, relatives à la lune, à Jupiter, au soleil, à leur cours, à leur mouvement, à leur puissance.

18. Endymion donna des règles pour tout ce qui regarde la lune.

19. Phaéthon entreprit de déterminer la marche du soleil, mais il ne put se rendre compte de tous les phénomènes, et il mourut laissant son œuvre imparfaite. Ceux qui ne connaissent pas cette circonstance font de Phaéthon un fils du Soleil et racontent de lui une histoire tout à fait incroyable. Ils disent qu’il alla trouver le Soleil, son père, et lui demanda la permission de conduire son char lumineux : le Soleil consent et lui donne des avis sur la conduite des chevaux. Mais Phaéthon n’est pas plutôt monté sur le char, qu’emporté par la jeunesse et l’inexpérience, tantôt il s’approche trop de la terre, tantôt il s’en éloigne trop, et fait périr les hommes par un froid ou par une chaleur insupportables : Jupiter irrité le frappe d’un coup de foudre ; il tombe : ses sœurs l’entourent et mènent un grand deuil jusqu’à ce qu’elles soient métamorphosées ; et maintenant ce sont des peupliers qui pleurent Phaéthon en versant de l’ambre au lieu de larmes. Cependant rien de tout cela n’a eu lieu, et il n’est pas possible d’y croire : jamais le soleil n’a eu de fils, et jamais son fils n’est mort.

20. Les Grecs ont encore une foule d’autres fables auxquelles je ne saurais ajouter foi. Le moyen de croire, en effet, qu’Énée