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lieu de grappins, ils se lancent de gros polypes attachés les uns aux autres, qui, s’embarrassant dans la forêt, arrêtent la marche du vaisseau. Ils combattent et se blessent à coups d’huîtres qui rempliraient un char et avec des éponges de la grandeur d’un arpent.

42. L’un des deux partis avait pour chef Éolocentaure, et l’autre Thalassopotès. Leur querelle était survenue, dit-on, à propos du butin. Il paraît que Thalassopotès avait enlevé plusieurs troupeaux de dauphins à Éolocentaure : c’est du moins ce qu’on pouvait conjecturer d’après leurs cris, qui nous apprirent également le nom des deux rois. Enfin, la victoire reste aux troupes d’Éolocentaure ; il coule à fond plus de cent cinquante des îles ennemies, et se rend maître de trois avec tout leur équipage. Le reste s’enfuit, la poupe brisée. Les vainqueurs les poursuivent quelque temps, et reviennent le soir pour recueillir les débris des deux flottes. Ils s’emparent de ce qui reste des vaisseaux ennemis, et recouvrent leurs propres biens, car ils avaient eux-mêmes perdu plus de quatre-vingts de leurs îles. Ensuite ils dressent un trophée comme souvenir de cette nésomachie, et suspendent un des vaisseaux ennemis à la tête de la baleine. Ils passent cette nuit auprès du monstre, auquel ils attachent leurs câbles et leurs ancres, faites de cristal et d’une extrême grosseur ; puis, le lendemain, après avoir fait un sacrifice sur le dos de la baleine et enseveli leurs morts, ils se rembarquent joyeux, en entonnant un chant de victoire. Voilà quel fut le combat des îles.