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VI
INTRODUCTION ET NOTICE.

bornes de la convenance, observer, de la manière la plus précise, les décrets de l’empereur dans toute leur intégrité, et veiller à la publicité et à la durée de leur exécution. » Ce passage, d’ailleurs si formel et si propre à faire cesser les doutes, n’a cependant pas convaincu, à ce qu’il paraît, tous les commentateurs de Lucien, puisque Dusoul ne pense pas que l’élu de l’empereur soit arrivé jusqu’en Égypte. Il faut alors en rester sur cette question aux simples conjectures, ainsi, qu’on est forcé de le faire relativement à la mort de Lucien, que Suidas attribue aux morsures des chiens, et Bourdelot à une attaque de goutte. Cette dernière tradition est la plus vraisemblable. Suivant M. Boisonade[1] le poëme burlesque de Lucien en l’honneur de la goutte donne lieu de croire qu’il était sujet à cette maladie. Il se plaisait à chanter son ennemie, comme cet Agrippinus Pasonius, dont parle Stobée, qui s’amusait à faire l’éloge de tous les maux qui lui arrivaient : éloge de la fièvre, quand il était pris de la fièvre ; éloge de l’infamie, quand il était noté d’infamie ; éloge de l’exil, quand il était exilé. Quelle que soit, du reste, la version qu’on adopte, il est certain que notre auteur mourut très-vieux, à quatre-vingts ou quatre-vingt-dix ans, grossissant ainsi de son nom la liste des Exemples de longévité qu’il avait dressée pour son ami Quintillus.

Aucun passage des œuvres de Lucien n’indique qu’il se soit marié : on croit pourtant qu’il eut un fils ; mais on aurait tort, sur la foi de Bourdelot, de confondre ce fils unique de Lucien avec un certain Lucien, sophiste de renom sous Julien l’Apostat, et auquel cet empereur adresse une de ses lettres.

De cette esquisse biographique passons maintenant à celle de notre auteur, envisagé sous les formes multiples où s’est produit son admirable talent.

Il est bien difficile de déterminer à quelle école, à quelle secte se rattachent, je n’ose pas dire les convictions, mais les sympathies philosophiques de Lucien. C’est le propre de la raillerie et du doute de laisser l’esprit se balancer dans

  1. Biographie universelle, article déjà cité.